-Je suis allée voir l'expo Claude Cahun ! C'est une artiste surréaliste, qui prends des portrait d'elle "déguisée", et genre elle se travestit et tout, et elle fait se confondre la frontière du genre entre masculin et féminin
-Si tu veux tout savoir, en fait elle m'a complètement émue. J'étais prise de compassion et d'admiration pour elle. Parce que tu vois, autour d'elle règne un univers de spectacle, poussiéreux, tamisé, et en plus d'aller complètement au-delà des sexes, elle réussit à aller au-delà du temps. et j'ai trouvé ça super beau. La seule preuve que le temps passait, c'était sa propre personne qui vieillissait. En plus de ça, je n'aime pas l'époque dans laquelle on vit. J'aimerais aussi pouvoir m'évader de mon époque et dire merde aux autres, mais je crois qu'elle est une des seules à en détenir la véritable clé...
-C'est très bien dit, belle critique je trouve ! Je n'ai pas pensé à ce côté de la chose. Le côté esthétique m'a plus frappée. Parce qu'à l'époque, les femmes qui prenaient des photos étaient très rares. Toutes ces mises en scènes, toute cette multitude de personnages, se réinventer à chaque cliché, je trouve ça dingue.
-Oui, c'est clair. Moi, j'ai plutôt fais gaffe au fond, t'as raison. Mais en plus, j'ai vraiment compris que j'adorais cette personne après avoir lu ce qu'elle a fait pendant la guerre avec sa compagne !
-J'ai un gros pavé en face de moi qui s'appelle "Claude Cahun, l'écart et la métamorphose". Il faut que je le lise. J'avais commencé d'ailleurs.
-Et pour finir, elle est laide, pour cette époque ou la femme se confondait avec la divinité. Les femmes étaient tellement soignées. Elle, cheveux rasés, coupés très courts, inspirait parfois quelque chose de malsain, parce qu'on ne savait plus trop, quoi. Et en fait, en voyant toutes les photos de son image, tu comprends qu'elle aime cette image, et qu'en la photographiant autant, elle veut qu'on la savoure. On est en quelque sorte attirés. Elle fait comprendre que l'être humain est beau. C'est vraiment bien pour son époque.
-Hihi, ça me fait penser au bout du film de la fin que j'ai vu. Où ils parlaient de la marionnette "humaine" que Cahun incarne avec je ne sais plus quel autre surréaliste. Apparemment, elle voulait que la marionnette ait l'air de pleurer, sans qu'aucune larme ne coule. Elle ajoute qu'au final, si les corps sont rendus raides et sans émotions, ni expressions, ils n'en seront que plus humains. Je trouve ça génial !
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